Daniel Auteuil

« SORTIR UNE BONNE BOUTEILLE ET LA PARTAGER EST LE SYMBOLE DE L’AMITIÉ »
Daniel Auteuil écrit, réalise et joue dans des films. Mais il ne fait pas que cela.
À ses heures perdues, il aime déguster de grands vins et de grands champagnes.
À l’occasion de la sortie de son dernier long-métrage, Le Fil, dont Nicolas
était partenaire, l’incontournable acteur s’est prêté au jeu de nos questions.
À quel point le vin et le champagne sont-ils indissociables du cinéma ?
Justement, pour présenter Le Fil, mon dernier film, je suis allé faire un tour dans les châteaux bordelais. Par exemple au Château Cheval Blanc où j’ai fait une dégustation autour d’un déjeuner ! Je n’ai pas découvert le champagne avec le cinéma. Je l’ai longtemps connu au travers d’une consommation « à l’ancienne », c’est quelque chose qu’on buvait à la fin du repas avec les biscuits. Et puis c’est devenu la boisson qu’on déguste aux réceptions, mais souvent servie tiède, ce n’est pas comme ça que je l’aime. Pour moi, le vrai champagne, c’est celui qu’on ouvre à dix heures du matin, qui a de très fines bulles, qu’on boit glacé, sans connotation sociale. Il est là le luxe absolu.
Auriez-vous un souvenir de dégustation mémorable à nous raconter ?
C’était en 1982 ou 1983, sur le tournage de Jean de Florette et on était tous logés dans une auberge. Le patron était absent ce soir-là. Un camarade comédien était descendu à la cave et en était remonté avec une dizaine de bouteilles de Château Beychevelle 1973. Pour moi, c’est resté la référence absolue. Ce vin presque volé était miraculeusement bon… On l’a bu comme un dessert !
D’ailleurs, votre histoire avec le vin, où commence-t-elle ?
Quand j’étais petit, mes parents faisaient du théâtre à Dijon. Je me souviens qu’il y avait une foire et qu’avec mon père on y allait. On mangeait toute la journée, et lui dégustait du vin. Quand on partait, il était toujours saoul, c’était gai, festif. Dans ma famille, il n’y avait pas de sous. Alors il achetait des cubis de vin très rouge, du genre qui tâche les lèvres. Mais il aimait ça, c’était bon. Ma première dégustation à moi, j’avais quinze ans, c’était à une boom avec mon copain Philippe en dehors d’Avignon. J’ai bu de la sangria et j’ai fini saoul. C’est la seule fois de ma vie que j’en ai consommée !
Comment votre goût du vin s’est-il façonné ?
La première fois où j’ai bu du bon vin, c’était bien plus tard. Je devais avoir trente ou trente-et-un ans. J’avais une petite maison en Normandie, et sur le marché, j’avais goûté un Bordeaux dont je ne me rappelle plus le nom. Je me souviens avoir été transporté par trois saveurs, un premier goût, un deuxième et un troisième ensuite. Toute ma vie j’ai recherché ça en dégustant ! C’est comme ça que je me suis mis à aimer le vin. Aujourd’hui, quand je suis seul au restaurant, je commande toujours un verre de vin avec mon repas, même si je ne le bois pas. Je trouve ça triste, un plat sans verre…
Et dans votre cave, qu’est-ce que l’on trouve aujourd’hui ?
Une majorité de Bordeaux, parce que je fais acheter des vins en primeur par un ami qui s’y connaît. Maintenant il me parle d’acheter une cuve de Côte d’Or, mais je lui dis : qu’est-ce que tu veux que je fasse d’une cuve ? Avoir du vin dans ma cave est une richesse affective très forte, sortir une bonne bouteille et la partager est le symbole de l’amitié. Je me souviens d’ailleurs d’une période, dans les années 1990. Je venais de déménager en Belgique et j’avais fait livrer ma cave en caisses, que j’avais entreposées dans mon garage. Avec Jaco Van Dormael, on a fait Le Huitième Jour, il venait chez moi pour travailler. Pour s’abreuver, on se servait dans les caisses, en fonction de ce qui était accessible… Je peux vous dire qu’on a écrit un beau scénario ! Aujourd’hui, dans ma cave, il y a bien plus de vins que je ne saurais en boire d’ici la fin de mes jours.




Dans son dernier film, Le Fil, Daniel Auteuil incarne Maître Jean Monier, un avocat à la croisée des chemins. Après avoir renoncé à défendre des criminels pendant plus de dix ans, il retrouve sa vocation en rencontrant Nicolas Milik, accusé d’avoir tué sa femme. Inspiré d’une affaire judiciaire authentique aux mille rebondissements, le film signe pour l’acteur-réalisateur une réconciliation personnelle avec le cinéma, après une pause créative. À retrouver en DVD à partir de janvier 2025.
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