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Cédric Klapisch : Filmer la vigne

Portrait (c) Joséphine Brueder.jpg

 Réalisateur de films devenus cultes comme Le Péril jeune ou L’Auberge espagnole, Cédric Klapisch est un cinéaste qui a toujours aimé filmer la convivialité et la joie liées à l’alcool. En 2017, il s’est même risqué à quitter les décors habituellement urbains de ses films pour aller poser sa caméra dans les vignes de Bourgogne, le temps d’y tourner Ce qui nous lie, un long-métrage consacré au vin et à ceux qui le font. Il nous raconte son rapport à cet univers viticole qui le passionne depuis toujours.

D’où vous vient votre goût du vin ? 

De mon père. Il ne buvait que du Bourgogne et se rendait régulièrement dans la région pour visiter des caves et faire des dégustations. Assez rapidement, avec mes deux soeurs, il a commencé à nous emmener avec lui, dans des endroits comme le domaine Chandon de Briailles à Savigny-lès-Beaune. C’est comme ça qu’il nous a transmis cette culture du vin.

En vieillissant, vous êtes resté sur le Bourgogne ou vos goûts se sont élargis ? 

Sur le vin, je suis très éclectique. Je suis toujours en train d’essayer des choses différentes. Ma base reste le Bourgogne car c’est ce que je connais le mieux. Mais j’ai eu un beau-père qui était très Bordeaux donc j’ai aussi appris à connaître ce type de vin. Par la suite, j’ai découvert les Pays de la Loire, l’Alsace, les Côtes du Rhône… J’aime aussi les vins espagnols ou italiens et ça fait quelques années que je commence à m’intéresser aux vins natures qui sont encore une autre façon d’aborder les choses. Ce que j’aime dans le vin, c’est qu’il y a quelque chose d’un peu infini. Par exemple, on peut l’explorer en parcourant les pays et les façons de faire, mais on peut aussi découvrir les vins année après année, parcelle après parcelle. C’est illimité, à la fois dans la géographie et dans la temporalité. Un peu comme dans le domaine artistique. 

D’où vous est venue l’idée de faire votre film Ce qui nous lie, qui tourne autour du vin et des vignerons ? 

Déjà, cela faisait longtemps que je voulais faire quelque chose lié aux paysages viticoles car j’aime l’aspect visuel des vignes. Ensuite, je trouve qu’il y a une notion d’auteur chez les vignerons, de la même manière qu’il y en a une dans le cinéma. Il y a cent façons différentes de faire du Meursault, avec un même cépage et des parcelles presque au même endroit, parce que chaque vigneron va apporter sa touche, sa façon de faire. 

Ça ressemble beaucoup à ce que je connais dans le cinéma : on peut utiliser les mêmes acteurs, raconter les mêmes histoires et avoir pourtant des résultats très différents selon le point de vue de l’auteur. Enfin, j’avais envie de faire un film sur la nature, parce que je trouve que le vin est un exemple assez réussi de la connivence qu’il y a entre l’activité humaine et la nature. J’ai tourné principalement des films qui se passent dans des villes et Ce qui nous lie est le premier que j’ai fait à la campagne. Donc forcément, j’avais envie de parler de ce dialogue entre l’homme et la nature.

(c) Emmanuelle Jacobson-Roques 3.jpg

Jérémie (François Civil), Jean (Pio Marmaï), et Juliette (Ana Girardot), plongés dans les arômes du vin. 

Comment avez-vous préparé le tournage en Bourgogne ? Est-ce que vous avez dû adapter votre manière de travailler ? 

Je me suis beaucoup appuyé sur le travail du photographe Michel Baudoin. Il vit en Bourgogne et a pris de photos des différents domaines. Il m’a servi de repéreur, en me conseillant tel point de vue sur la colline de Corton ou tel angle de caméra quand on est à Pommard. D’autre part, j’ai choisi assez tôt d’étendre la durée du tournage sur une période d’un an. Au lieu de tout concentrer en deux mois comme ça se fait habituellement, nous avons plutôt tourné trois semaines par saison pendant douze mois. Nous étions donc au rythme des quatre saisons et c’était vraiment la nature qui nous dirigeait. Vers la fin octobre, nous attendions la semaine où les vignes allaient devenir jaune rouge. Il ne fallait pas rater ce moment-là, mais c’est la vigne qui décidait.

Quand on fait un film sur un domaine aussi précis et exigeant que le vin, y a-t-il des craintes d’être scruté de près par les vignerons et les professionnels ? 

J’ai été conseillé par Jean-Marc Roulot, qui joue dans le film mais qui est aussi vigneron à Meursault. Il a vraiment la double casquette. Il m’a aidé pour tout ce qui touchait au vin blanc, tandis qu’Alix de Montille, avec qui il vivait à l’époque, m’a aidé sur la partie vin rouge. C’est ce qui faisait que nous n’étions pas trop inquiets concernant le regard des experts. D’ailleurs, je sais que les gens qui font du vin à travers la France ont été assez impressionnés par la qualité de documentation du film à ce niveau-là.

« Depuis que j’ai fait Ce qui nous lie, j’ai un peu changé ma façon de consommer et de conserver le vin. »

Est-ce que c’est difficile de filmer le vin ?

Disons qu’on se retrouve avec un peu les mêmes problématiques que dans Top Chef. C’est quand même une drôle d’émission car le spectateur ne goûte jamais ce qu’il voit à l’écran. En revanche, il reçoit des émotions. Quand il y a un dessert, un plat de légumes ou de viande, il y a quelque chose qui est transmis de manière visuelle et sonore. Appliqué au vin, c’est cet exercice qui était difficile mais vraiment intéressant. Mais on sait qu’on rate la chose primordiale : les spectateurs n’ont pas pu goûter les vins montrés dans le film.

(c) Emmanuelle Jacobson-Roques 2.jpg

Juliette (Ana Girardot) au coeur des vignes familiales, réfléchissant à l’héritage et à l’avenir du domaine.

En revanche, vous avez pu filmer la convivialité liée au vin… 

Ce qui est vraiment étonnant avec le vin, c’est que c’est à la fois un produit noble, sophistiqué, avec une histoire riche, notamment en Bourgogne, mais c’est en même temps l’ivresse et son aspect plus prosaïque. Le mélange est assez incroyable. Cet entre-deux est vraiment le moteur de l’histoire du film car il permet de raconter beaucoup de choses. 

Est-ce que ce film a un peu changé votre rapport au vin ? 

Depuis que j’ai fait Ce qui nous lie, j’ai un peu changé ma façon de consommer et de conserver le vin. J’ai une cave et disons qu’avant, je cherchais des bouteilles qui pouvaient être gardées longtemps. Maintenant, j’ai des bouteilles moins chères mais je connais mieux ma sélection de vins et comment je dois la consommer. Je n’attends plus dix ou vingt ans avant d’ouvrir une bonne bouteille. 

CE QUI NOUS LIE

DE CÉDRIC KLAPISCH

Toujours disponible en DVD 

Porté par un joli casting formé de Pio Marmaï, Ana Girardot, François Civil et le vigneron Jean-Marc Roulot, Ce qui nous lie raconte une fratrie qui doit reprendre le domaine familial après le décès du père. L’occasion de voir les humeurs des uns et des autres évoluer au rythme des saisons, au diapason de la vigne et de ses changements de couleurs. Une belle manière de décrire cette correspondance magique qui lie les vignerons à leur environnement.

Affiche film Ce qui nous lie.jpg
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