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Marcelle Ratafia, de l'art du bon vin et des bons mots

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 Avant de devenir critique vin et gastronomie pour Tanins, Le FigaroTime Out et Le Fooding, Marcelle Ratafia, qui tire son pseudonyme d’une chanson des Négresses Vertes, a connu des dizaines de vies. La co-autrice de Parlons vin, parlons bien a travaillé comme guide touristique, créé un podcast de cinéma, écrit un ouvrage sur l’argot… Son dada : faire le grand écart entre l’histoire des bistrots ouvriers de la Belle Époque et le travail des plus grands sommeliers contemporains – un éclectisme récompensé en 2023 par le prestigieux prix de la critique Curnonsky. Pour Nicolas, Marcelle Ratafia raconte sa passion pour les mots d’hier et sa vision des vins de demain. 

Comment en êtes-vous venue à vous intéresser au vin ? 

Je ne me serais pas autorisée à devenir critique vin si je n’avais pas été en lien très tôt avec le monde des restaurants. Je m’intéressais depuis toute petite à la gastronomie, mais le vin, ça me paraissait totalement hors de portée, peut-être parce qu’à l’époque c’était encore vu comme très masculin… Avant et après mes études, j’ai travaillé comme serveuse, c’étaient mes premiers boulots. L’un de mes patrons s’est mis en tête de me faire découvrir ce monde-là. Des rencontres successives m’ont aidée à l’apprivoiser, un copain caviste m’a amenée dans des salons… Une fois que j’ai commencé à visiter des domaines, ça a tout changé pour moi, de remettre le vin dans son élément, avec les gens qui le faisaient. Aujourd’hui, je ne connais pas tous les cépages de France, encore moins tous ceux du monde. Pour moi, le vin est une terre qui peut être défrichée à l’infini. 

Vous écrivez aujourd’hui comme chroniqueuse vin et gastronomie. Comment avez-vous vu le monde du vin évoluer depuis que vous y baignez ? 

Je passe beaucoup de temps au restaurant, et j’y observe une génération qui était plutôt branchée bière commencer à s’intéresser au vin sans passer par la case grands crus, par cette envie de collectionner de grandes bouteilles. Il y a cette idée de replacer le plaisir au centre, de chercher des vins qui vont nous procurer du plaisir, ce qui n’empêche pas de perfectionner son palais. Depuis quelques années, il y a cette expression de « vin de copains » qu’on retrouve dans certaines Maisons, et qui me parle beaucoup. 

Quels sont vos goûts en termes de vin ? 

Après avoir pensé que j’étais une aficionada du blanc, je me prends de passion pour certains rouges, j’ai par exemple trouvé une finesse et une élégance extraordinaire chez des Terrasses du Larzac. Je suis très amatrice des Côtes-roannaises, et je suis terrassée dès que je goute un grand pinot noir alsacien. Mais en général, ce qui me touche, ce sont les fortes identités de terroir, pas forcément les noms de domaines les plus connus. J’ai goûté des vins pétillants qui m’ont procuré bien plus d’émotions que certains champagnes. À trop se concentrer sur le cépage, on peut oublier le plaisir de la première gorgée, les émotions ressenties. J’ai envie de copiner avec le vin, que ce soit un moment de plaisir plutôt que d’être intimidée. 

Pour vous, qu’est-ce qu’un vin moderne, contemporain ? 

Ce qui m’intéresse le plus, c’est la personne derrière un vin, ses ambitions, son respect de la terre. Le vin moderne, c’est celui qui n’est pas trop attentif aux normes, mais va plutôt vers le bon sens, le bon goût. Ce qui compte n’est plus forcément l’appellation, il y a mille et unes façons de travailler à partir du même sol. C’est l’incroyable malice du vin : il n’entre jamais exactement dans une case.

Vous avez reçu en 2023 le prix Curnonsky, attribué chaque année depuis 1978 à des journalistes vin et gastronomie. Comment avez-vous perçu cette récompense ? 

J’étais odieusement flattée, je ne me serais pas permis d’espérer recevoir ce prix. Je pense que le jury n’a pas récompensé la grande expérience ou la grande connaissance, mais plutôt une envie de creuser une brèche vers une vision nouvelle. J’y vois un signe d’ouverture du monde du vin. 

Les métiers de critique vin, sommelier, oenologue, vigneron s’ouvrent de plus en plus aux femmes. Quel regard portez-vous sur cette évolution ? 

Par le passé, certains grands gastronomes sont allés jusqu’à dire que les femmes n’avaient pas le palais assez fin pour goûter le vin… Et c’est ce qui a pu mettre à distance beaucoup d’entre elles. J’ai toujours été sûre de mon goût en termes de gastronomie, mais j’ai mis plus longtemps à aller vers le vin, justement par peur que ce ne soit pas accessible. Aujourd’hui, ce monde s’ouvre petit à petit. Il s’agit d’une reconnaissance tardive, même si dans le vin, il y a toujours eu des femmes : il y a au moins une femme dans chaque domaine viticole !

Vous vous intéressez à l’argot depuis des années, et avez même publié un ABC de l’argot aux éditions du Chêne en 2017. En quoi cette histoire est-elle liée à celle du vin ? 

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les gens passaient beaucoup de temps au bistrot, le vin était parfois moins cher que l’eau ! Le « pinard » et le « jaja » faisaient pleinement partie de la vie quotidienne. On pense que cette histoire ne concerne pas les femmes, mais c’est bien sûr faux : la midinette, c’était l’ouvrière qui passait remplir sa gourde de vin au bistrot pour compléter son déjeuner. Tout un tas d’expressions oubliées existaient pour décrire l’ivresse : mettre son casque à plumes, chausser ses lunettes en peau de saucisson… Souvent, les mots d’argot désignent plutôt des mauvais vins, comme le « picrate », mot inventé par les Poilus et venant de l’acide picrite du gaz moutarde, utilisé pour désigner un vin un peu trop âcre. Tous ces termes m’ont ouvert la porte pour m’intéresser à l’histoire des vins populaires, bien moins documentée que celle des grands cépages. On sait quels vins aimait Louis XIV, mais moins ce que buvait son valet – et c’est bien dommage. 

PARLONS VIN PARLONS BIEN ! 

Pinard, Grand Cru, jaja, pousse au crime… La langue française ne manque pas de mots pour parler du vin. Dans ce livre à la fois plein d’humour et bourré d’informations, on apprend à mieux connaître et déguster la boisson préférée des Français, grâce à une flopée d’anecdotes croustillantes. Une approche joyeuse et ludique du vin, bien loin de l’image snob et élitiste qu’on prête parfois à ce breuvage.

Parlons VIN Parlons BIEN ! d’Alicia Dorey, Louise Pierga et Marcelle Ratafia, aux Éditions Le Robert, 

— 26,90 euros.

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