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Nathalie Fortin, Sabrer le Champagne avec des piolets

copyright Francesco Valentinuzzi.jpg

 Alpiniste, sommelière, conférencière et ingénieure installée à Montréal, Nathalie Fortin a gravi l’Everest et certains des plus hauts sommets du monde. À cinquante-six ans, elle continue de s’attaquer à des huit mille mètres, et tient surtout à transmettre ses passions à travers des ateliers de dégustation de vins et des stages d’escalade sur glace gratuits pour les femmes. Celle qui dit s’être donné pour objectif « que toutes les femmes puissent apprécier la haute montagne et le whisky » nous raconte les liens inattendus entre le monde du vin et les montagnes les plus hostiles. 

Après avoir découvert l’escalade, vous vous passionnez pour l’alpinisme dans l’ouest canadien à vingt-sept ans. Qu’est-ce qui vous a conduite vers cette discipline ? 

L’une de mes premières expériences a été la face nord de l’Athabasca. En passant de l’escalade à l’alpinisme, on change d’échelle : on passe de trois-cents à quatre mille mètres d’altitude. C’était de longues voies de glace très impressionnantes. Il y avait forcément de la peur, de l’appréhension avant chaque sortie, mais on apprend à l’apprivoiser. À mes débuts, c’était vraiment l’aventure. Il y avait très peu de femmes autour de moi. C’est pour cette raison que j’ai créé une page Facebook, Des femmes et des lames, pour que les femmes alpinistes puissent dialoguer et organiser des expéditions ensemble. 

Peu avant de gravir l’Everest, en plus de votre formation d’ingénieure, vous avez pris la décision de vous inscrire à un diplôme en sommellerie. 

Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser au monde du vin ? 

Ce sont pour moi trois domaines qui se ressemblent beaucoup. Ils demandent des connaissances techniques mais aussi beaucoup de temps et de passion. J’ai toujours aimé le vin. Mes parents me faisaient parfois goûter dans leurs verres quand j’étais jeune. J’aime l’idée de transmettre cette passion, d’inciter à boire de façon consciente. Lorsque j’organise des stages d’escalade sur glace, je propose aux participantes de déguster un peu de très bon whisky avec un carré de chocolat caramel fleur de sel. C’est un accord magnifique. 

Cette passion pour le vin a-t-elle sa place dans le monde de l’alpinisme ? 

On ne boit que très peu d’alcool en haute montagne, parce qu’on utilise nos capacités à leurs limites. L’envie de boire n’est donc pas très présente. Mais j’ai déjà dégusté du whisky dans certains camps de base, durant des expéditions où d’autres équipes en avaient apporté. C’est une façon de fraterniser pendant les temps d’attente. Mais en général, les vrais moments de dégustation arrivent après, quand on est de retour en ville et qu’on peut réellement s’attabler avec nos amis. Dans ces moments-là, j’aime sabrer une bonne bouteille de champagne avec mes piolets, pour marquer le coup, quel que soit le résultat de l’expédition. Comme disait Churchill en parlant du champagne : « Dans la victoire, je le mérite. Dans la défaite, j’en ai besoin ! » Mais à la montagne, il n’y a pas de défaite, il n’y a que des apprentissages.

Certains vins restent-ils associés pour vous à des souvenirs d’ascensions ? 

De retour du sommet de l’Everest, à Katmandou, un de nos coéquipiers nous a offert le champagne. C’était un grand Dom Pérignon 1999, un moment inoubliable. Je me rappelle aussi qu’après avoir gravi l’Aconcagua en Argentine, j’ai loué un van avec d’autres alpinistes québécois pour faire le tour des vignobles. Cette ascension restera associée pour moi aux délicieux malbec et cabernets sauvignon argentins. Mes séjours dans les Alpes sont aussi fortement liés aux bonnes bouteilles de Côte du Rhône qu’on boit après les ascensions. Que ce soient de grands vins ou non, leurs goûts et leurs odeurs sont reliés à des grands moments. Quand on revient d’un séjour en altitude, on a souvent perdu quelques kilos et on apprécie d’autant plus ces repas entre amis, parce qu’on bénéficie de plaisirs qu’on n’a pas connus pendant plusieurs semaines. Ce sont des moments très intenses d’immense bonheur. 

Vous organisez également des conférences de motivation, autour de vos expériences d’alpiniste. Quelles leçons avez-vous apprises en haute montagne ? 

Faire un huit mille mètres, cela veut dire passer des journées à acclimater son corps, à attendre la bonne météo. Il y a tellement de paramètres qui peuvent faire que ça ne fonctionne pas. La montagne nous apprend à être patient : si on n’attend pas les bonnes conditions, on peut se mettre en grand danger. Il s’agit d’être dans l’instant présent, de se poser des questions très simples : est-ce que j’ai froid ? Est-ce que j’ai faim ? Est-ce que mes partenaires vont bien ? La montagne apprend aussi à être modeste, car on ne peut pas la contrôler autant qu’on le voudrait. Il faut avancer ensemble, avec humilité. C’est un luxe énorme de pouvoir se retrouver dans ces endroits où il n’y a aucun luxe. 

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