Charlotte de Turckheim | Magazine de noël

Charlotte de Turckheim, du cinéma à la vigne

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Quand on évoque le nom de Charlotte de Turckheim, c’est le cinéma qui nous vient en tête, avec des rôles dans Les sous-doués en vacances ou Mon père ce héros en passant par Les Aristos. Mais dans la vie, Charlotte n’est pas qu’une actrice. C’est aussi une amoureuse du terroir, une épicurienne chez qui les plaisirs de la table ne vont pas sans un verre de vin. La vigne d’Alsace l’a vue grandir, celle de Provence la voit s’épanouir. S’il lui est arrivé d’incarner une patronne de bar dans la série Un été de canicule, jamais ses deux passions ne se sont véritablement croisées.

D’où vient votre histoire avec le vin ?

J’ai deux histoires avec le vin. Une première, en Alsace, d’où est originaire ma famille. J’ai grandi à Paris mais je me suis toujours sentie chez moi en Alsace. Le vin faisait partie de nos repas et quand j’y pense, j’ai forcément en tête cette région. Ma deuxième porte d’entrée, c’est la Provence. Je vis à Eygalières depuis de nombreuses années et je pense que l’on peut dire que dans le coin, le rosé fait partie de notre ADN !

Vos vins préférés sont issus de ces deux terroirs ?

De ces deux régions, je tire mes inconditionnels, mais j’en apprécie beaucoup d’autres… En blanc, je n’aime que l’Alsace. Je suis assez chauvine ! Je les aime fruités, pas secs. Je les déguste à l’apéritif ou avec du fromage. En rosé, j’ai mes favoris de Provence, ceux du domaine des Terres Blanches, ceux du Vallon des Glauges, ceux du domaine de Valdition ou encore ceux de mes amis du Mas de la Dame. Quand il s’agit d’ouvrir une bonne bouteille de rouge, je m’oriente souvent vers l’appellation Châteauneuf-du-Pape, que j’adore déguster avec un ris de veau et des pommes grenailles. J’aime aussi particulièrement les vins espagnols de la Rioja.

Et la cuvée à votre nom, d’où vient-elle ?

Il y a plus de vingt ans, la cave coopérative de Turckheim m’a proposé d’éditer une cuvée à mon nom. Malgré notre nom de famille commun, nous n’avons pas de lien de parenté. Je ne viens pas du tout d’une famille de vignerons. Mais j’ai trouvé l’idée amusante, alors j’ai accepté. On a construit ce vin ensemble. Enfin, comme je ne suis pas une spécialiste, j’ai surtout dit ce que j’aimais et ce à quoi je voulais qu’il ressemble… Et ils ont créé le vin idéal ! Je le rêvais frais, populaire, très fleuri, mais moins qu’un gewurztraminer. Je l’aime beaucoup, d’ailleurs je le bois un peu tout le temps. C’est ma fille Clara qui a dessiné la dernière étiquette. Avec le temps, les vignerons de la cave coopérative sont devenus de bons copains. Leur prochain objectif est de me trouver un petit bout de terrain pour que je puisse avoir quelques vignes à moi dans le coin.

Vous les vendangeriez vous-même ?

Je vendange déjà ! J’adore ça ! Ce sont des moments inouïs pour moi en Alsace. J’y emmène ma fille et mes petits-enfants. L’achat de cette petite terre serait plutôt symbolique, parce que j’ai un vin à mon nom depuis longtemps, mais pas d’adresse. D’après l’office du tourisme, il paraît que des gens entrent très souvent en demandant : « Où est le château de Charlotte ? » Lorsqu’on leur répond qu’il n’y en a pas, personne ne veut le croire ! Quand vous avez un nom d’aristo’ comme le mien, on se dit tout de suite que vous possédez un château.

Pas de château, certes, mais vous avez une maison d’hôtes, en Provence, le Mas Notre Dame…

J’ai monté ce projet avec mon mari il y a presque dix ans. C’est une grande maison sur cinq hectares de terrain. On rêvait de faire découvrir notre magnifique région des Alpilles à nos visiteurs. Nous vivons dans un cadre idyllique, entourés de vignobles. C’est aussi un pays très gourmand où on mange très bien. On voulait un endroit avec de l’espace, où vivre ensemble sans se gêner, où l’on puisse accueillir du monde, partager, échanger, déguster…

D’ailleurs, dans cette maison d’hôtes, que servez-vous à l’apéro ?

On adore organiser des apéritifs avec nos hôtes. On fait bien sûr goûter les vins qui sont produits autour de chez nous, mais on ne s’arrête pas là. En général, on sort aussi une bouteille de ma cuvée. Ça amuse les invités de voir débarquer un vin avec ma tête sur l’étiquette. Je leur sers aussi mon vin préféré : de l’Edelzwicker de la cave de Turckheim. Les gens sont toujours surpris de ce choix, mais ils trouvent ça festif. C’est un vin blanc frais et fruité, parfait pour l’apéro et surtout très convivial.

Avez-vous un souvenir marquant de dégustation autour du vin ?

Je me souviens de la préparation du mariage de ma fille, qui s’est fait du côté de Bordeaux. Son époux est issu d’une famille de cette région, très connaisseuse en matière de vin. Quand il a fallu choisir ce qu’on allait boire, j’ai proposé un crémant d’Alsace de la cave de Turckheim, que j’adore. Tout de suite, on m’a rétorqué : « On ne peut pas servir ça ! Ce n’est pas du champagne, ce n’est pas assez chic ! » Alors j’ai proposé une dégustation à l’aveugle, pour leur faire goûter. Le deal était le suivant : je ramenais cette bouteille de Mayerling rosé et un autre champagne, eux choisissaient deux références de leur côté, puis nous goûtions tout sans regarder les étiquettes. Je me disais que j’exagérais peutêtre à vouloir leur faire goûter ça. Après tout, à côté d’eux, je n’y connaissais pas grand chose. Figurez-vous que tout le monde, à l’unanimité, a choisi mon « faux champagne » ! Je peux vous dire que je buvais du petit lait… Eux n’en revenaient pas, nous avons beaucoup ri. Ils ont été beaux joueurs : nous l’avons servi au mariage, ainsi qu’un autre champagne de leur choix.

Vos filles ont-elles hérité de votre amour du vin ?

Je pense que ça s’est fait naturellement, je ne crois pas avoir vraiment réfléchi à la transmission. Elles sont tombées dans le fût toutes seules ! Mais l’une de mes filles, Clara, est particulièrement épicurienne. Je pense qu’elle ferait une formidable vigneronne. Elle aime le terroir.